LA TECHNO POUR SAUVER LE MONDE

Blogger’s Note: Readers may be interested in the following feature article, published earlier this month in L’actualite magazine,  which was the result of an interview with the author. Please excuse the curious formatting.

La techno pour sauver le monde
MondeAvoir 18 ans en 2018

La techno pour sauver le monde

Entretien avec l’ancien diplomate Daryl Copeland, membre du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal.

Fêter son 18e anniversaire en 2018 garantit de voir, de son vivant, le premier président américain issu des géants du Web de la Silicon Valley.

Le président Donald Trump s’est appuyé sur deux
piliers du XXe siècle pour se hisser au sommet : une
fortune amassée dans l’immobilier et une notoriété
acquise à la télévision. Or, le jour approche où un candidat
conjuguera les deux grands pouvoirs du XXIe siècle pour
s’installer à la Maison-Blanche : une fortune amassée grâce
aux renseignements personnels des particuliers soutirés sur
Internet, et une célébrité alimentée par les réseaux sociaux.
Quelqu’un dans la salle a dit Mark Zuckerberg, fondateur de
Facebook ?
Ce pourrait être un mal pour un bien, puisque l’avenir de
la planète se jouera au confluent de la science et de la technologie,
estime l’ancien diplomate Daryl Copeland, membre
du Centre d’études et de recherches internationales de
l’Université de Montréal et auteur du livre Guerrilla Diplomacy
: Rethinking International Relations (Lynne Rienner
Publishers).
Selon lui, le défi des nouveaux adultes sera de réorienter les
immenses ressources humaines et financières utilisées pour
combattre le terrorisme vers la science et le développement
humanitaire afin de sauver la planète. Une tâche à la mesure
de l’ambition de cette génération, dit Daryl Copeland, qui a
fait le point avec L’actualité.
religieux. Ce sont des menaces réelles, mais les
chances que ces phénomènes touchent
directement un jeune Canadien de 18 ans sont
aussi faibles que de prendre son bain dehors
par beau temps et d’être frappé par la foudre !
Or, nous y consacrons l’essentiel de nos efforts
sur la scène internationale.
L’avenir de la planète n’est pas remis en
question par cette bataille de territoires ou
d’idéologies. Il faut consacrer davantage de
ressources ailleurs.
À QUEL ENDROIT ?
Les vrais problèmes des prochaines années ont
un point en commun : ils sont définis par la
science et doivent être résolus par la diplomatie
et les nouvelles technologies.
VOUS PARLEZ DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ?
C’est en haut de la liste, mais ce n’est pas le seul
défi planétaire qui exige une meilleure
connaissance scientifique, plus de coopération
internationale et le développement accéléré de
nouvelles technologies pour s’y attaquer. Il y a
l’affaiblissement de la biodiversité, la
désertification, l’appauvrissement des océans,
le partage des endroits communs stratégiques
comme l’espace et les zones polaires, le sousdéveloppement
alimentaire de régions entières,
la faible éducation de certains peuples et ainsi
de suite. Les gouvernements consacrent peu de
ressources humaines et financières à ces
menaces en comparaison avec la sécurité et le
terrorisme, alors que ce sont des phénomènes
qui touchent beaucoup plus d’humains.
À CE TITRE, LA MONTÉE DU POPULISME QUI PRÔNE UN
REPLI SUR SOI, COMME AUX ÉTATS-UNIS, N’EST PAS UNE
BONNE NOUVELLE ?
C’est le pire choix ! Nous avons besoin de plus
de coopération, pas l’inverse. On a besoin de se parler, de voyager, d’accueillir des immigrants,
de transmettre nos connaissances. Les États-
Unis ne sont pas les seuls fautifs. Les
gouvernements de toute la planète sont mal
outillés pour faire face à ces nouveaux défis.
La diplomatie internationale n’est pas
orientée vers la science et les technologies.
Combien de diplomates sont des scientifiques ?
Très peu. Si un jeune veut faire carrière à la
jonction de la science et de la diplomatie, il a
de l’avenir !
Généralement, les départements
scientifiques et technologiques des ministères
des Affaires étrangères sont au sein de la
division du commerce international, pas au
centre de préoccupations comme la résolution
de conflits ou les menaces potentielles.
Y A-T-IL QUAND MÊME UNE RAISON D’ÊTRE OPTIMISTE
POUR UN ADULTE DE 18 ANS ?
Oui, parce que sa génération croit davantage
que les nouvelles idées et les futures
technologies peuvent sauver la planète. C’est
aussi la plus ouverte sur le monde et la plus
instruite de l’histoire. Elle peut réinvestir dans
la diplomatie scientifique et changer
l’orientation trop militaire des interventions
étatiques. Aucune armée ne pourra régler le
problème de la dégradation des océans. Il est
temps de revoir nos priorités.

 

TROIS TENDANCES
À SURVEILLER

1 La Chine deviendra la grande
puissance mondiale, en lieu et place
des États-Unis. Mais d’autres pôles
d’influence émergent aussi : l’Inde pour
l’ingénierie, le Brésil dans l’agroalimentaire,
les super-fondations comme celle de Bill et
Melinda Gates dans l’humanitaire…
2 Voyager est plus facile et abordable
que jamais. Résultat : une pression sans
précédent s’exercera sur les endroits
touristiques de la planète. Frictions à
prévoir.
3 La fin des paradis fiscaux et le retour
d’un certain contrôle étatique des
profits des entreprises ? Les pays de l’OCDE
y travaillent activement. Trop beau pour être
vrai ? La grogne populaire contre l’évasion et
l’évitement fiscaux pourrait forcer les États à
en assurer le succès.